Rapport sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre en Afrique - deuxième édition (2017)

Par la CUA

Date : octobre 2020

Publiée conjointement par la Commission de l'Union africaine et les partenaires du Programme conjoint de l’UA, OIT, OIM et de la CEA sur les migrations de main-d’œuvre, la deuxième édition du rapport sur les statistiques des migrations de main-d'œuvre en Afrique a été virtuellement lancée le 29 septembre 2020.

Le présent rapport a été établi pour faire droit à une demande faite en juillet 2015 par l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement à l’Union africaine, tendant à ce que la Commission de l’Union africaine soumette tous les deux ans un rapport sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre en Afrique.

Cette deuxième édition du Rapport sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre en Afrique présente une synthèse d’informations statistiques portant sur une période de 10 ans (2008–2017). Elle s’inscrit dans le prolongement de la première édition, qui était consacrée aux données portant sur la période de 2008 à 2015. L’accent est mis principalement sur les schémas et tendances qui ressortent des flux migratoires internationaux de personnes vivant dans des pays d’Afrique. Cepen­dant, il n’entre pas dans le champ du présent rapport de procéder à une analyse en profondeur des différents facteurs qui déterminent la configuration des flux de migration de main-d’œuvre.

La première étape dans l’élaboration du nouveau rapport a consisté à diffuser auprès des offices nationaux de statistiques de tous les pays d’Afrique la première version du questionnaire sur les migrations internationales de main-d’œuvre (QMIM), et au final 48 de ces pays ont communiqué des données, ce qui représente un taux global de réponse de près de 87 pour cent. Cela étant, un taux global aussi élevé pourrait être quelque peu trompeur, puisque beaucoup de pays n’ont pas fourni d’informations sur un nombre considérable d’indicateurs qui figuraient pourtant dans le question­naire. Des méthodes d’imputation appropriées ont été appliquées dans de tels cas, pour compléter au besoin les données disponibles.

Malgré la difficulté d’obtenir des données comparables, en raison de la diversité des sources utili­sées (par exemple : enquêtes sur la population ou bases de données administratives), qui reposent sur des définitions et des approches différentes, un certain nombre de constatations clés ont pu être dérivées, comme exposé succinctement ci-après.

L’Afrique est toujours le continent qui connaît l’expansion démographique la plus rapide de la planète (Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES ONU), 2019). Au cours de la décennie couverte par le présent rapport, la population de l’Afrique est passée de 944 433 089 indi­vidus en 2008 à 1 215 953 341 individus en 2017 (base de données du JLMP, 2018), ce qui représente une augmentation de près de 271,5 millions d’individus, soit une expansion de 28,75 pour cent, ce qui correspond à une croissance annuelle moyenne de 2,8 pour cent.

À l’échelle mondiale, la population féminine est numériquement légèrement supérieure à la population masculine. On relève cette même légère prépondérance des femmes dans l’ensemble de l’Afrique d’une manière générale (en 2017, on recensait 608,6 millions de femmes contre 607,3 millions d’hommes) et dans chacune des huit communautés économiques régionales officiellement reconnues par l’Union africaine.

Les facteurs démographiques jouent un rôle déterminant dans les communautés économiques régio­nales. Les groupements de pays comptant les populations les plus nombreuses en 2017 étaient la Communauté des États du Sahel et du Sahara (646,0 millions d’individus), suivie du Marché commun

de l’Afrique orientale et australe (COMESA) (371,4 millions d’individus) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) (326,8 millions d’individus). Par contraste, l’Union du Maghreb arabe (UMA), qui comprend cinq pays, est la moins nombreuse (95,2 millions d’individus).

En Afrique, la population en âge de travailler a enregistré une augmentation nette : en 2017, elle était estimée à 662,5 millions d’individus, contre 509,5 millions en 2008, ce qui représente une progression de 30,04 pour cent. En 2017, le nombre des femmes en âge de travailler, qui s’élevait à 335,6 millions, était légèrement plus élevé que celui de leurs homologues masculins, qui s’élevait à 329,6 millions (tableau P2). Cependant, en 2017, la population active totale, de 433,8 millions d’individus, compre­nait plus d’hommes (245,5 millions) que de femmes (188,4 millions) (tableau P3). Manifestement, de nouveaux efforts doivent être entrepris pour parvenir à la parité des sexes et, notamment, à ce que plus de femmes participent aux activités productives, y compris en comptabilisant en tant qu’autre forme de participation à une activité productive les femmes qui exercent un travail de production destiné à leur propre usage (activités s’exerçant au foyer, activités s’exerçant dans le cadre d’une entreprise familiale ou encore activités de soins à la personne).

Les migrations internationales en Afrique se sont accélérées au cours de la décennie couverte par le rapport, passant de 13,3 millions de migrants en 2008 à 25,4 millions en 2017. Cette augmentation massive, de 91,2 pour cent, correspond à une progression annuelle moyenne de 7,5 pour cent. Les personnes migrantes en âge de travailler, dont le total s’établissait à 19,7 millions en 2017, prédo­minent dans le stock des migrants internationaux en Afrique (figure 1). On estimait à 14,4 millions le nombre des travailleurs qui avaient effectué une migration internationale en 2017[1], ce qui représente une augmentation significative par rapport aux 7,5 millions recensés en 2008.

Dans les pays d’Afrique, le nombre des travailleurs migrants augmente plus rapidement que la population active. De 2008 à 2017, le taux de croissance de la population constituée des travailleurs migrants a été de 7,5 pour cent par an en moyenne, taux supérieur à celui de la croissance annuelle de l’ensemble de la population.

Pour la production de la présente édition du Rapport sur les statistiques des migrations de main-d’œuvre en Afrique, la difficulté majeure a résidé dans la détermination du nombre des travailleurs migrants salariés. Quelques pays seulement ont communiqué les données pertinentes, on citera par exemple : l’Algérie, le Botswana, l’Eswatini, le Ghana, le Libéria, la Namibie, le Niger et le Nigéria. Dans l’ensemble de ces pays, 84,3 pour cent des travailleurs migrants étaient salariés en 2016. D’après les chiffres communiqués par les pays susmentionnés en 2016, la part représentée par les travailleuses migrantes en situation d’emploi montre à quel point il est nécessaire d’intensifier les efforts pour parvenir à ce que celles-ci aient des chances égales à leurs homologues masculins. Les chiffres agrégés communiqués par les pays susmentionnés montrent que les jeunes de 15 à 35 ans ont représenté 26,6 pour cent du nombre total des travailleurs migrants salariés en 2016.

 

En 2016, le secteur agricole (dans lequel on classe également les activités se rapportant à la pêche, l’élevage, la foresterie et d’autres activités apparentées à l’agriculture) a été le plus gros employeur de travailleurs migrants dans les pays de destination, ayant absorbé 24,9 pour cent de ces travailleurs. Après cela, toujours en 2016, les trois secteurs d’emploi les plus importants ont été : les échanges commerciaux (commerce de gros, commerce de détail et services apparentés), avec 17,7 pour cent; l’administration publique (dont l’éducation, la santé et les services sociaux) avec 17,1 pour cent; et enfin, la construction, avec 10,4 pour cent. Ensemble, ces quatre secteurs ont ainsi absorbé à eux seuls plus de 74 pour cent des travailleurs migrants ayant occupé un emploi dans un pays d’accueil.

En majorité, les travailleurs migrants ayant occupé un emploi dans un pays d’accueil ont des compé­tences élémentaires et tendent à trouver du travail dans des emplois non qualifiés, notamment comme ouvrier agricole, commerçant indépendant dans le secteur informel ou encore manœuvre sur un chantier de construction. Néanmoins, le nombre des travailleurs migrants hautement qualifiés s’est accru au fil des ans. Par exemple, la proportion des directeurs, des cadres et des gestionnaires parmi les travailleurs migrants est passée de 7,1 pour cent en 2010 à 9,1 pour cent en 2016 et la part représentée par les employés administratifs est passé de 8,9 à 13,0 pour cent au cours de la même période.

Le présent rapport s’efforce de mettre en exergue l’importance de la contribution des envois de fonds des émigrés au développement de leur pays d’origine, notamment en termes de réduction de la pauvreté et des inégalités sociales pour les foyers et les communautés qui en sont les bénéficiaires dans ces pays. Il est essentiel de relever, malheureusement, que l’ampleur des envois de fonds à destination de pays d’Afrique continue d’être sous-estimée en raison de la prolifération des réseaux informels auxquels de nombreux travailleurs migrants recourent pour éviter des frais élevés. Pour cette raison, il est rarement possible d’avoir une bonne restitution de la réalité du volume des envois de fonds effectuées par les travailleurs migrants. Les données disponibles indiquent que les envois de fonds de travailleurs migrants à partir du Nigéria et de l’Égypte étaient estimées respectivement à 75 747,4 millions de dollars (des États-Unis) en 2017, à 69 1616,77 millions de dollars en 2016 et à 70795,57 millions de dollars en 2015.